La créatine kinase est une enzyme qui régénère l'ATP des cellules, utilisée pour les processus demandeurs en énergie. Cette revue a évalué les stratégies thérapeutiques qui ciblaient le système de la créatine kinase dans les maladies cardiovasculaires. Les essais disponibles indiquent une amélioration du rythme cardiaque anormal et de l'essoufflement dans les maladies cardiaques. L'effet sur le décès, sur l'ampleur de l'infarctus du myocarde et les fonctions cardiaques n'était pas clair. Du fait de la petite taille des essais examinés et de l'hétérogénéité de la population incluse dans ces rapports, des études cliniques plus vastes doivent être menées pour confirmer ces observations.
Cette revue n'a pas découvert de preuves suffisamment concluantes pour prendre une décision quant à l'utilisation d'analogues de la créatine dans la pratique clinique. En particulier, on ne sait pas avec certitude s'il y a un effet sur la mortalité, la progression de l'infarctus du myocarde et la fraction d'éjection, mais il existe des preuves d'une possible amélioration de la dysrythmie et de la dyspnée. Cependant, on ne sait pas exactement quel analogue, quelle dose, quelle voie d'administration et quelle durée de traitement sont les plus efficaces. De plus, du fait de la petite taille des essais examinés et de l'hétérogénéité de la population incluse dans ces rapports, des études cliniques plus vastes doivent être menées pour confirmer ces observations.
Le système de la créatine kinase, le système central de régulation du métabolisme énergétique cellulaire, fournit l'ATP in situ aux ATP-ases impliquées dans le transport des ions et la contraction musculaire. De plus, le système enzymatique apporte une protection relative contre l'ischémie et l'acidose tissulaires. Le système pourrait donc être une cible pour une intervention pharmacologique.
Evaluer de manière systématique les preuves concernant l'efficacité des interventions ciblant directement le système de la créatine kinase comparé à un placebo chez des patients adultes souffrant d'hypertension essentielle ou de maladies cardiovasculaires.
Bases de données électroniques ayant fait l'objet d'une recherche : Medline (1950 à février 2011), Embase (jusqu'en février 2011), le registre Cochrane des essais contrôlés (numéro 3, août 2009), la base de données Lilacs pour l'Amérique latine et les Caraïbes ; les références de manuels et revues ; les contacts avec les experts et les sociétés pharmaceutiques ; et les recherches sur Internet. Il n'y avait aucune restriction concernant la langue.
Essais contrôlés randomisés comparant la créatine, la créatine phosphate ou la cyclocréatine (toutes voies, doses ou durées de traitement) à un placebo ; chez des patients adultes souffrant d'hypertension essentielle, d'insuffisance cardiaque ou victimes d'un infarctus du myocarde. Nous n'avons pas inclus les articles sur l'utilisation à court terme de la créatine au cours de la chirurgie cardiaque.
Les critères évalués étaient les décès, l'infarctus du myocarde total (mortel ou non mortel), les hospitalisations pour insuffisance cardiaque congestive, le changement de fraction d'éjection et les changements de pression artérielle diastolique et systolique en mm de Hg ou en pourcentage de changement.
Les rapports complets ou résumés de 1164 articles ont été examinés, aboutissant à 11 essais s'intéressant au traitement par la créatine ou des analogues de la créatine chez 1474 patients souffrant d'insuffisance cardiaque, de maladies cardiaques ischémiques ou d'infarctus du myocarde. Aucun essai chez des patients souffrant d'hypertension n'a été identifié. Onze essais (1474 patients, de 35 ans ou plus) ont été identifiés comparant un traitement d'appoint incluant un médicament à base de créatine par rapport à un placebo chez des patients souffrant d'insuffisance cardiaque (6 essais chez 1226 / 1474 patients ), d'infarctus aigu du myocarde (4 essais chez 220 / 1474 patients) ou de maladies cardiaques ischémiques (1 essai chez 28 / 1474 patients). Les médicaments utilisés étaient soit la créatine, la créatine phosphate (par voie orale, intraveineuse ou intramusculaire) ou la phosphocréatine. Dans les essais s'intéressant aux insuffisances cardiaques, les trois composés différents ont été étudiés ; la créatine par voie orale (Gordon 1995, Kuethe 2006), la créatine phosphate par perfusion intraveineuse (Ferraro 1996, Grazioli 1992), et la phosphocréatinine par voie orale (Carmenini 1994, Maggi 1990). En revanche, les essais sur l'infarctus aigu du myocarde n'ont étudié que la créatine phosphate en intraveineuse. Dans l'essai sur les maladies cardiaques ischémiques (Pedone 1984) la créatine phosphate a été administrée deux fois par jour par une injection intramusculaire aux patients non hospitalisés et par une perfusion intraveineuse aux patients hospitalisés. La durée de l'intervention de l'étude a été plus courte pour les patients atteints d'affections aiguës, d'une perfusion intraveineuse de deux heures de créatine phosphate chez les patients victimes d'infarctus aigu du myocarde (Ruda 1988, Samarenko 1987), à six mois chez les patients souffrant d'insuffisance cardiaque traités à la phosphocréatinine orale (Carmenini 1994). Chez les patients victimes d'infarctus aigu du myocarde, la période de suivi variait de la période de phase aiguë (Ruda 1988) jusqu'à 28 jours après le début des symptômes (Samarenko 1987) ou à la fin de la période d'hospitalisation (Zochowski 1994). Dans les autres essais, il n'y a pas eu de suivi après l'interruption du traitement, sauf pour Gordon 1995 qui a suivi les patients jusqu'à quatre jours après l'arrêt de l'intervention.
Seuls deux essais sur quatre chez les patients victimes d'infarctus aigu du myocarde ont reporté des résultats sur la mortalité, sans effet significatif de la créatine ou des analogues de la créatine (RR 0,73, IC : 0,22 - 2,45). De plus, il n’y avait pas de différence significative sur la progression de l'infarctus du myocarde ou l'amélioration de la fraction d'éjection. Le principal effet des interventions semble concerner l'amélioration de la dysrythmie.